Les planchas, ces plaques de cuisson extérieures aussi connues sous leur nom anglais griddle, connaissent leur heure de gloire ces jours-ci. Une petite recherche Google Trends vous le confirmera, leur popularité au Québec a explosé en 2023, et elle est en voie d’atteindre de nouveaux sommets cette année. Pas étonnant que celles-ci soient désormais partout dans les quincailleries, et que certains modèles, comme la Weber Slate 30 testée ici, soient aussi difficiles à trouver.
Qu’est-ce qu’une plancha?
Une plancha est une grande plaque de cuisson, un peu comme celles utilisées dans les restaurants, qui est complémentaire à un gril au gaz ou au charbon. À part quelques exceptions, on ne cuisine en effet pas les mêmes choses sur les deux appareils. On s’en sert beaucoup pour les sautés et les déjeuners, par exemple, mais pas pour un gros steak ou un poulet entier.
Une plancha a deux principaux avantages : la possibilité cuisiner des aliments sur une très grande surface et multiplier le genre de recettes que l’on peut faire à l’extérieur (que ce soit pour profiter du beau temps ou pour ne pas empester l’intérieur).
J’ai par exemple récemment fait cuire un paquet de bacon, des patates à déjeuner, des œufs et des crêpes, le tout en quelques minutes seulement. Le déjeuner n’était pas vraiment meilleur que si je l’avais fait à l’intérieur (quoi que les crêpes dans le gras de bacon étaient difficiles à battre), mais j’ai été capable de manger en même temps que tout le monde et tout a été servi chaud. J’aurais aussi facilement pu cuisiner pour 8 plutôt que pour 4. Le tout, sans salir un seul chaudron.
Une plancha est aussi pratique pour griller une grande quantité d’aliments qui ont tendance à baigner dans leur jus lorsqu’on les cuisine dans une poêle, comme des champignons.
Design et caractéristiques
La Weber Slate est la plancha de seconde génération du fabricant Weber, qui offre plusieurs améliorations par rapport au premier modèle, en plus d’offrir quelques caractéristiques uniques par rapport aux autres planchas sur le marché.
La Slate est par exemple particulièrement large (environ 1,75 m), avec ses deux grandes tablettes sur le côté, dont une pouvant être repliée au besoin. Elle offre aussi beaucoup de rangement, avec deux compartiments sous la plaque de cuisson.
Les grandes tablettes sur le côté sont appréciées, car cuisiner sur une plancha demande beaucoup plus d’équipement que sur un gril. Vous avez par exemple besoin de deux grandes spatules, d’huile, d’eau pour le nettoyage, d’assaisonnements, d’ingrédients et de linges (pour appliquer une couche d’huile sur la plaque après la cuisson afin de la protéger).
Notons que Weber a aussi créé un système d’accessoires pour son appareil, Weber Works, qui inclut par exemple un porte-bouteille, un support à papier essuie-tout et un bac pouvant servir pour ranger son équipement. Je ne les ai toutefois pas essayés, et ceux-ci me semblent de toute façon très chers (57,99$ pour la boîte de rangement en plastique, par exemple).
La surface des planchas est généralement en acier (comme avec les planchas de marque Blackstone), en acier inoxydable, en acier galvanisé thermolaqué (comme les Eno, dont la surface de cuisson ressemble un peu à un Creuset) ou en fonte (la plupart des planchas qui se posent sur un gril).
La Slate de Weber est en acier au carbone, qui ne devrait pas rouiller, selon l’entreprise. Est-ce vraiment le cas? C’est difficile à dire. L’acier en carbone rouille en effet peu, et Weber prétend que son acier en carbone rouille encore moins que la moyenne, mais il est difficile à croire qu’il n’y aurait pas de corrosion après un hiver mal entreposé, par exemple. Dans l’ensemble, on peut néanmoins s’attendre à ce que la rouille soit beaucoup moins un problème qu’avec d’autres planchas. Pendant mes quelques semaines avec l’appareil, je n’ai vu aucun signe de rouille, alors que j’en ai déjà vu apparaître en moins de temps avec des planchas et des grilles en fonte.
Autre particularité, la Weber Slate est vendue prétraitée. Une plancha doit en effet normalement être « culottée » avant sa première utilisation (seasoning, en anglais), comme la poêle en fonte de Gabriel dans la saison 1 d’Emily in Paris (désolé pour la référence peu orthodoxe). Avec la plupart des planchas sur le marché, il faut appliquer une mince couche d’huile sur la surface, la faire chauffer pendant 30 minutes et recommencer la procédure de nombreuses fois afin de bien la culotter, ce qui permet à la plaque de ne pas coller pendant la cuisson et de ne pas rouiller. Ici, ce premier traitement n’est pas nécessaire, ce qui est apprécié.
Prévoyez un 5 minutes pour l’entretien de votre plancha après chaque cuisson. Vidéo : Maxime Johnson.
Le fait que la Weber Slate soit prétraitée ne veut toutefois pas dire que vous n’aurez jamais à le faire, cela dit. Si vous entretenez mal votre plancha (si vous oubliez par exemple de la nettoyer après chaque repas, et d’appliquer une mince couche d’huile sur toute la surface), vous devrez à un moment ou un autre la culotter, pour vous assurer qu’elle ne colle pas. Ce point n’est d’ailleurs pas très clair dans les communications de Weber.
Parmi les autres caractéristiques à mentionner, notons que la Slate est dotée d’un trou pour faire tomber l’huile et la saleté dans le coin avant gauche de la plaque, ce qui est plus pratique que les modèles où ce trou est à l’arrière. La saleté tombe alors dans un petit récipient jetable en aluminium.
Le culottage de la plancha Weber Slate 30 permet d’y faire cuire des aliments délicats, comme des œufs. Vidéo : Maxime Johnson.
La Slate 30 est aussi équipée d’un couvercle, qui ne peut toutefois pas être utilisé pendant la cuisson. Celui-ci ne sert qu’à protéger la plaque des intempéries. Plusieurs modèles d’entrée de gamme n’ont pas cette protection, mais celle-ci est toutefois commune pour un appareil vendu à ce prix.
Dans l’ensemble, j’ai été agréablement surpris par la solidité de la Slate (elle tient fermement en place, et vous n’aurez aucune gêne à mettre tout votre poids en appuyant fortement sur vos hamburgers), mais aussi par son design. Chaque petite partie de la Slate semble avoir été bien pensée, de l’espace pour insérer ses doigts quand on enlève la surface de cuisson au bac à saletés facile d’accès. Le design protège aussi bien les flammes des trois brûleurs lorsqu’il y a du vent, et la garantie de 5 ans de l’appareil est appréciée.
Weber est peut-être un peu en retard dans ce marché, mais cela a clairement permis à la compagnie d’apprendre des erreurs de ses concurrents.
Une plancha (très) légèrement techno
La Weber Slate est aussi un tout petit peu techno, du moins le modèle que j’ai essayé ici.
La Weber Slate #1500214 (un modèle offert en exclusivité chez Home Depot au Canada) est en effet dotée d’un thermomètre numérique à l’avant, ainsi que de deux portes pour refermer le compartiment du bas. Le thermomètre mesure la température à peu près au centre de la plaque, entre le brûleur central et le brûleur droit.
J’ai trouvé le thermomètre pratique au moment de préchauffer la plancha, car il vous permet de savoir quand vous avez atteint la température désirée, ou si vous l’avez dépassée. Une fois la cuisson commencée, c’est toutefois plus ou moins utile, surtout si vos trois brûleurs ne sont pas à la même intensité.
Dans l’ensemble, le modèle avec thermomètre testé ici m’apparaît quand même la meilleure option entre les deux Weber Slate 30 offertes. Il est vendu 50$ de plus que le modèle régulier, mais vous n’aurez pas absolument besoin d’acheter un thermomètre infrarouge, et ses deux portes sont quand même utiles.
Autre point techno, la Slate est offerte avec une application mobile pour son installation, qui permet de nous guider avec des modèles 3D d’une façon beaucoup plus efficace qu’avec le manuel en papier. L’installation devrait vous prendre de 1h à 2h, selon votre habileté.
De bonnes performances
J’ai effectué différents tests au cours des dernières semaines avec la Weber Slate. Dans l’ensemble, la plancha se démarque particulièrement sur certains points, comme la vitesse à laquelle celle-ci atteint sa température.
Après cinq minutes à feu maximum, la plaque de cuisson atteint en effet 450F, ce qui est amplement suffisant pour la plupart des recettes, comme des smash burgers. C’est très rapide. Je n’ai jamais testé de barbecue pouvant me permettre de cuisiner aussi rapidement. Et en patientant 5 minutes de plus, la plancha atteint environ 550F (le tout avec une puissance de seulement 36 000 BTU, d’ailleurs). Vous pouvez atteindre une température plus élevée avec de la patience et beaucoup de propane, mais le jeu n’en vaut pas la chandelle.
L’appareil permet aussi de cuisiner à basse température (250F-300F environ), mais pas d’une manière prolongée.
La température est dans l’ensemble assez uniforme, quoiqu’il y a clairement des points où la chaleur est plus élevée, juste au-dessus des brûleurs. Weber prétend sur son site que sa plancha « chauffe uniformément ». C’est vrai dans une certaine mesure, les différences ne sont pas énormes, et la plaque est chaude sur à peu près toute sa surface, mais il y a quand même de petites variations. Il ne s’agit pas d’une plancha magique non plus.
Bien honnêtement, ce n’est toutefois pas un très gros problème, puisqu’il est rare qu’on vise une température vraiment uniforme partout. Je veux par exemple que la température sous mes boulettes de viande de smash burgers soit très chaude pour bien les caraméliser, mais pas que le pain soit noirci en une seconde.
Et quand j’ai cuisiné des crevettes et des légumes, j’étais content d’avoir une zone moins chaude pour laisser reposer les légumes sans qu’ils ne brûlent.
Cuisiner avec une plancha, c’est aussi gérer différentes zones de chaleur, et c’est bien ainsi.
Une plancha autonome, ou une plaque à barbecue?
Vous n’êtes évidemment pas obligés de payer 900$ pour une plancha autonome. Il existe aussi des plaques pouvant être placées sur un barbecue au gaz ou au charbon. Leur prix varie énormément en fonction de la marque, des matériaux, de la taille et de la qualité, mais il faut s’attendre à payer de 75$ à 400$ environ.
Ces planchas ont deux principaux avantages : leur prix et le fait qu’elles occupent peu d’espace. Elles sont toutefois lourdes, généralement plus petites, un peu plus difficiles à entretenir (vous n’aurez pas de compartiment dédié pour recueillir les saletés, l’huile et l’eau sous celle-ci, par exemple) et le barbecue qui les supporte n’est pas toujours bien adapté à ce type de cuisson. Elles ne permettent pas non plus la cuisson par zone, et sont plus longues à chauffer.
Si vous ne prévoyez que faire quelques smash burgers à l’occasion, c’est néanmoins une option acceptable. Si vous en trouvez une à vendre usagée et en bon était, c’est aussi une option à considérer pour voir s’il s’agit d’un type de cuisson qui vous convient.
Si vous pensez que vous allez cuisiner souvent à la plancha, un modèle dédié comme le Weber Slate sera toutefois beaucoup plus agréable à utiliser dans la vie de tous les jours.
En résumé : une plancha qui vaut son prix
À 849,99$ ou 899,99$ selon le modèle, la Weber Slate 30 n’est pas la plancha la plus chère sur le marché (la Eno de taille similaire coûte par exemple 1429,99$, sans meuble intégré), mais elle coûte tout de même plus cher que la moyenne.
Vous pouvez aussi trouver des modèles similaires convenables à environ 500$, par exemple (qui sont même parfois munis d’une plus grande plaque et de 4 brûleurs, comme la station de cuisson Blackstone à 4 brûleurs de 36 po avec couvercle rigide). Vos plats seront tout aussi bons avec ces appareils moins chers, mais vous aurez généralement à travailler un peu plus fort pour vous en servir et pour bien les entretenir.
La Weber Slate 30 ne réinvente pas la plancha, mais il s’agit d’un modèle bien pensé, qui réduit considérablement les défauts qui viennent souvent avec ces appareils. Elle offre par exemple amplement d’espace de rangement et de travail, sa surface ne rouille pas (ou elle rouille moins), les variations de température sur la plaque ne sont pas énormes, elle est plus facile à entretenir que la moyenne, elle est solide et le thermomètre (si vous achetez le modèle qui en est doté) permet de savoir rapidement quand il est temps de mettre vos aliments sur la plaque.
J’ai beaucoup aimé cuisiner avec celle-ci au cours des dernières semaines, et il est évident que la Slate sera encore plus appréciée l’été, alors qu’il sera possible de cuisiner pour plusieurs personnes, et de ne pas toujours avoir à faire de grosses pièces de viande pour faire à manger au soleil. Si vous avez le budget nécessaire pour la Weber Slate, vous allez l’apprécier.
On aime
- La plaque de cuisson antirouille et prétraitée d’une bonne qualité.
- La rapidité à laquelle on peut atteindre la température souhaitée.
- La solidité et le design de la plancha.
- La garantie de cinq ans.
On aime moins
- Le thermomètre est pratique pour savoir quand commencer à cuisiner, mais il l’est moins par la suite.
- Les roulettes de la plancha ne sont pas d’une grande qualité.
- Les accessoires Weber Works coûtent trop cher.
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