Suite à cette décision judiciaire, donc, le communiqué d’EDL parle de la nécessité de détruire ces matières chimiques périmées. Et les habitants de Kfardebiane (hauteurs du Kesrouan, région riche en eau et enneigée en hiver) ont découvert par hasard hier que leur localité avait été choisie pour le traitement réservé à ces matières, probablement par des explosifs ou par un enfouissement pur et simple.
« Un camion totalement banalisé a été arrêté hier par la police municipale à l’aube, accompagné d’une patrouille, raconte Joséphine Zoughaib, membre du conseil municipal, à L’OLJ. Au début, les conducteurs du camion ont prétendu être de la Sécurité de l’État, et ont demandé à poursuivre leur route. Devant l’insistance de la police municipale, ils ont reconnu venir de la centrale de Zouk. La police municipale a saisi le camion. Nous avons demandé l’intervention de l’armée, mais celle-ci n’a pas encore eu lieu. »
Joséphine Zoughaib affirme ne pas savoir quelles matières sont transportées dans le camion, étant donné que la municipalité ne détient pas l’autorisation de le fouiller. Elle assure cependant que la municipalité est déterminée à ne pas mettre la région à risque d’une telle pollution qui menacerait le système hydrologique dans cette zone, surtout si des explosifs sont utilisés dans le processus.
La municipalité a rassuré les habitants de la localité sur le fait que ces matières dangereuses ne seront en aucun cas traitées ou enfouies dans ce grand village. Dans un communiqué, la municipalité affirme que « depuis que des informations circulent sur la possibilité du déplacement de ces matières stockées dans la centrale de Zouk vers Kfardebiane, (elle) a pris toutes les dispositions pour empêcher un pareil transfert ».
Les camions qui devaient se diriger vers Kfardebiane ont tous rebroussé chemin pour réintégrer la centrale de Zouk hier soir, selon la MTV, qui a néanmoins répercuté la colère des habitants de Zouk et du Kesrouan en général, qui voudraient voir ces produits chimiques déplacés vers des lieux plus sûrs.
Des matières « pas explosives »
De son côté, EDL précise dans son communiqué avoir attendu les résultats de l’enquête qui a fait suite au scandale médiatique concernant la présence de matières dangereuses dans la centrale de Zouk, pour se prononcer. « Nous affirmons d’emblée qu’il n’y a pas de nitrate d’ammonium à Zouk, souligne le texte. Les produits qui s’y trouvent sont utilisés de manière routinière dans toutes les centrales électriques du monde, et ils ont des taux de toxicité divers pour l’homme et l’environnement. »
Le communiqué parle d’une quantité d’ammoniaque liquide « d’une concentration qui ne dépasse pas 25 % et qui n’est pas inflammable », une matière utilisée pour stériliser l’eau dans les turbines. « Les autres matières stockées dans la centrale ne sont pas explosives », poursuit le texte. Celui-ci reconnaît que « les conditions de stockage de certaines de ces matières ne sont pas conformes aux normes requises, tout comme certaines sont périmées ».
EDL précise donc avoir pris un certain nombre de mesures, notamment le transport de certaines matières chimiques vers d’autres sites plus isolés, l’installation de ventilateurs et de détecteurs de flammes là où il n’y en avait pas, le regroupement des stocks périmés en vue de leur destruction et le partage d’informations utiles avec les centres de la Défense civile proches en cas d’accident.
Plusieurs remarques s’imposent suite aux événements liés à Zouk hier : fallait-il un désastre d’une telle ampleur à Beyrouth pour ouvrir le dossier des irrégularités dans cette centrale vétuste, où se trouve de surcroît une grande quantité d’hydrogène ? Sachant que les camions sont revenus à Zouk hier, face aux craintes légitimes des habitants de Kfardebiane, quelle option vont choisir les autorités libanaises pour se débarrasser des stocks périmés ? Une reddition des comptes suivra-t-elle ce nouveau scandale ?
Une semaine à peine après la double explosion qui a dévasté le port et la ville de Beyrouth, et qui est de toute vraisemblance due à la présence de milliers de tonnes de nitrate d’ammonium dans le hangar qui a pris feu, la possibilité du stockage de matières chimiques dangereuses dans un autre site, celui de la centrale électrique de Zouk, inquiète la population depuis quelques...
August 12, 2020 at 04:06AM
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Zouk exfiltre ses matières chimiques, Kfardebiane les lui renvoie - L'Orient-Le Jour
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matière chimique
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