La date de mise en ligne ou de diffusion d’une série peut parfois lui donner un petit coup de pouce. C’est le cas de La Femme qui habitait en face de la fille à la fenêtre, dont l’arrivée sur Netflix est venue clôturer un mois de janvier particulièrement morose, en raison d’une vague de productions moyennement exaltantes.
La plate-forme, qui ne manque pas d’humour (ou de cynisme, c’est selon), propose avec La femme une parodie d’un film dont elle a elle-même assuré la diffusion, La Femme à la fenêtre (Joe Wright) privé de salle l’année dernière pour cause de Covid-19.
Mais la généalogie de La Femme qui habitait en face de la fille à la fenêtre peut remonter plus loin, jusqu’à La Fille du train, polar de Paula Hawkins adapté en 2016 par Tate Taylor, voire jusqu’au Gone Girl de Gillian Flynn, porté à l’écran en 2014 par David Fincher.
En complexifiant un personnage féminin traditionnellement réduit à la figure de la femme fatale, Gone Girl ouvrait la voie à une nouvelle sous-catégorie de thrillers. Mais au fur et à mesure que le genre s’est popularisé, ses déclinaisons ont fini par se figer autour de quelques motifs récurrents : une femme en deuil, borderline et alcoolique, des voisins aux agissements louches, une paranoïa aiguisée par la bienveillance suspecte de ses proches… Et un dénouement le plus inattendu possible, voire complètement improbable si besoin. Ce sont ces motifs dont La Femme se paie la tête, avec un esprit de sérieux très américain et tout à fait réjouissant.
Portée critique intéressante
Surtout que la femme en question a les traits de Kristen Bell, ex-Veronica Mars revenue dans la lumière grâce à une poignée de rôles comiques, notamment celui d’Eleanor dans The Good Place. La comédienne enfile ici les cols roulés en cachemire d’Anna, artiste peintre brisée par la mort de sa fille et persuadée que son voisin d’en face est un assassin. Entre accès de folie avinée et moments de lucidité, Anna traverse en huit très courts épisodes une intrigue aussi mince qu’une feuille de papier, convenue et absolument sans intérêt.
Sous la parodie pure, la série moque – totalement au premier degré – une certaine forme de narration littéraire, introspective et larmoyante, transposée à l’écran pour des raisons de plus en plus souvent commerciales. Elle parvient à le faire avec une certaine finesse, ce qui la rend sans doute moins drôle que ce que l’on pouvait attendre, mais lui confère une portée critique intéressante.
Pour qui saura passer outre sa vacuité brandie en étendard, La Femme qui habitait en face de la fille à la fenêtre invite, d’une certaine façon, à s’interroger sur le formatage des récits que nous consommons à la chaîne.
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