Auteur discret et facétieux, tenu par sa désinvolture aux marges des lettres contemporaines malgré son entrée sous la Coupole où il était, depuis la disparition de Félicien Marceau en mars 2012, le doyen d’âge, René de Obaldia est mort jeudi 27 janvier, à l’âge de 103 ans.
Jean Vilar l’a révélé, en mettant en scène Génousie, comédie onirique donnée au Théâtre Récamier en 1960. Rita Renoir et Michel Simon l’ont fait triompher, en jouant sa pièce la plus célèbre, Du vent dans les branches de sassafras, en 1965. L’Académie française l’a immortalisé, en l’élisant le 24 juin 1999, au 22e fauteuil laissé vacant par le décès de Julien Green. Mais les fortunes du temps ne l’ont pas épargné, et c’est presque oublié qu’il disparaît aujourd’hui, plus que centenaire, comme le personnage qu’il imaginait à 41 ans dans l’un de ses rares romans. Il avait apporté de la légèreté au théâtre de son temps et réjouit ses contemporains avec une fantaisie qu’il disait héritée de ses ascendances hispaniques.
René de Obaldia était comte, et Panaméen par son père, issu d’une illustre famille. Il compte parmi ses aïeux le libéral José de Obaldia (1806-1889), éphémère président de la République de Nouvelle-Grenade (1854-1855), ainsi que José Domingo de Obaldia (1845-1910), qui fut le deuxième président de la République de Panama (1908-1910).
Venu à Paris dès 1904 entreprendre des études de sciences politiques à 17 ans, le jeune José Clemente de Obaldia, orphelin choyé et homme d’esprit fort aventureux, fit valser, tout juste âgé de 22 ans au printemps 1909, au célèbre bal Bullier, la jeune Madeleine Peuvrel, fille du caissier principal du magasin Le Printemps, originaire de Picardie. Il l’épousa à l’automne, et lui donna bientôt trois enfants, José, Gisèle, enfin René, le cadet, qui naquit le 22 octobre 1918, à Hongkong, colonie britannique où son père était alors consul général du Panama. L’enfant n’eut pas le temps de le connaître. Il avait quelques mois quand sa mère, lassée des frasques de son mari, qui ne cessait de fuguer pour les bas-fonds de la ville, rentra en France, où elle se fit passer pour veuve auprès de sa famille.
Passion pour les romantiques allemands
Elevé par une nourrice, puis par sa grand-mère, René de Obaldia étudie au lycée Louis-Thuillier à Amiens, puis à Paris au lycée Condorcet. Adolescent, il se prend de passion pour les romantiques allemands, et décide qu’il sera poète. La rencontre avec l’homme de lettres et critique d’art André Salmon (1881-1969), cofondateur du Journal des poètes (1931), est déterminante. L’écriture, donc. Mais la « nécessité de communiquer » qui habite le jeune homme l’entraînerait autant vers la musique et la peinture que vers l’écriture, si les moyens requis étaient aussi accessibles qu’« une feuille de papier et un crayon à la terrasse d’un bistro »…
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