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Mort de Nikita Mandryka, créateur du « Concombre masqué », dessinateur de l'absurde - Le Monde

Nikita Mandryka en 2007.

Il est et restera à jamais la plus célèbre cucurbitacée de l’histoire de la bande dessinée mondiale. Un personnage à nul autre pareil, vivant dans un cactus-blockhaus, s’exprimant dans une novlangue d’une absolue poésie, digressant à l’infini sur le sens de l’existence (ou plutôt sur son absence de sens) et s’abrutissant devant l’écran de sa « télédérision ». Le visage à moitié caché par une cagoule de couleur noire, le concombre masqué fait partie de ces héros iconiques de la BD franco-belge dont le nom était devenu familier du grand public, bien que celui-ci n’ait pas toujours lu ses aventures frappées au coin de l’absurde et du burlesque.

Féru de philosophie et de psychanalyse, ce légume aux jurons fracassants – « Bretzel liquide ! », « Rhône-Poulenc nationalisé ! », « Bicarbonate de soude ! », « Protz ! » – aura fait la renommée de son auteur, Nikita Mandryka. Le dessinateur et scénariste français est mort, dimanche 13 juin, à Genève, à l’âge de 80 ans. Il restera aussi, dans l’histoire du 9e art, comme l’un des cocréateurs de L’Echo des savanes au milieu des années 1970, magazine qui accéléra l’émancipation de la bande dessinée en direction d’un lectorat adulte.

« Une BD thérapeutique »

Fruit de circonstances totalement hasardeuses, sa naissance aurait mérité de composer à elle seule le contenu d’un album. Nikita Mandryka naît en effet, le 20 novembre 1940, à Bizerte, en Tunisie, où son grand-père maternel, commandant d’un torpilleur russe ayant fui la révolution bolchevique, s’était installé après avoir demandé l’asile à la France. Fils d’un docteur issu de la diaspora slave de la ville, le futur dessinateur sera marqué à vie par son univers proche, comme il le racontera :

« Un monde de folie entre immigrés russes (…) Les hommes vaincus aspirant au retour, les femmes faisant des ménages… de doux dingues ! J’ai repris certains mots russes qui me faisaient rire en les transcrivant plus tard de façon phonétique en BD. Je pense que c’est à partir de cet univers que j’ai inventé le mien, une façon de me sortir de la folie dans laquelle j’ai vécu mon enfance, de la maîtriser. LeConcombreest une BD thérapeutique, une analyse infinie. »

Créateur d’un journal de BD vendu par l’épicier de son quartier, l’adolescent a 16 ans quand il voit son premier récit publié dans l’hebdomadaire belge Risque-Tout, des éditions Dupuis, peu après que ses parents ont décidé de s’installer dans le Jura. Il a déjà créé le « Concombre masqué » mais ne lui redonnera vie pour de bon qu’une fois devenu un dessinateur professionnel, carrière embrassée après des études de cinéma, au sein de l’Institut des hautes études cinématographiques, à Paris.

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